[Limaces] Les connaitre pour mieux les aimer et les gérer
Comme je l'expliquais dans un article précédent, je subis des attaques en règle de la part des limaces locales depuis que j'ai lancé les plantations cette année, attaques que je n'ai pas subies l'année dernière, probablement en raison des fortes chaleurs de l'été passées, comparées aux pluies incessantes de cette année.
Ma première réaction, après qu'une partie de nos plants aient été éradiqués dès la première nuit, a été de répondre dent pour dent, oeil pour oeil. J'ai donc commencé à éliminer les "gluants", comme les appelle mon ami Arnaud, de manière quotidienne, manuelle, mécanique et irrémédiable.
Mais presque 500 victimes plus tard (en 3 semaines... sur 6 m2 !), force est de constater que l'ennemi est toujours présent de manière régulière, et que si j'arrive à limiter la casse, à condition de ne sauter aucun jour, la guerre est perdue d'avance, tôt ou tard.
Fred m'ayant rerouté un article passionnant et très documenté sur les limaces, j'y ai appris beaucoup de choses, dont leur importance pour l'écosystème (similaire aux vers de terre, voire en avance de phase sur le travail des vers de terres), et sur leurs besoins (voir article en référence plus bas). Selon Hervé Coves (voir vidéos ci-dessous), les limaces sont même indispensables à l'existence de certains organismes (ex : des champignons), et permettent de réguler les maladies : les limaces ont une fonction digestive, et un écosystème sans limace serait rapidement un terrain propice au développement de nombreuses maladies, faute des éboueurs qu'elles sont.
J'ai donc entrepris une expérience. Je continue à sortir chaque soir après 23:00 pour nettoyer le potager des limaces qui s'y sont "égarées", mais j'ai entrepris en parallèle de déposer 3 mètres plus loin une partie de nos déchets verts (des feuilles de salades abîmées en ce moment).
Il ne faut guère attendre pour voir à quel point les limaces sont attirées par les végétaux blessés ou malades : 3 heures après avoir déposé des feuilles de salades coupées à leur intention, elles sont nombreuses à être affairées à les décomposer. J'ai décidé de ne pas les éliminer à cet endroit là, et de voir comment cette expérience évolue dans le temps, même si le risque existe que l'abondance de nourriture puisse engendrer la ponte des limaces...
Toujours selon Hervé Coves, les limaces seront d'autant plus nombreuses que l'écosystème est simple (voire simpliste). Voilà qui nous renvoie aux principes de la permaculture et à la necessité de laisser des zones sauvages au jardin, afin de permettre aux prédateurs de limaces de se développer.
Par ailleurs, faute de lignine (par manque de fragments de bois dans le sol), les champignons disparaissent et avec eux leur fonction de digestion du sol. Les limaces prennent donc le relais et se développent en masse pour compenser. Il est donc important d'alimenter son potager avec du bois (BRF), mais il est aussi possible de disposer du bois en tas non loin, pour y attirer de nombreux insectes potentiellement prédateurs.
Il semble que le printemps et l'automne sont les deux périodes où les limaces sont les plus nombreuses. Le printemps car les limaces ont faim après l'hiver : il est donc utile de les nourrir pour qu'elles délaissent les jeunes pousses du jardin. Les limaces adorent par exemple les jeunes pousses de crucifères. Une astuce peut d'ailleurs consister à semer des crucifères (radis, choux fleurs, navet, moutarde, chou,...) à coté des tas de bois : les jeunes plants attireront les limaces à coté des zones où leurs prédateurs sont précisément le plus présents !
En été, les limaces resteront dans le sol pour se protéger de la chaleur, et elles ressortiront donc en masse à la moindre pluie, et en automne, et pourront s'attaquer aux plantes adultes. Comme il ne sera pas forcément possible de faire pousser de jeunes pousses de crucifères à cette époque, il sera utile de réserver des zones fraiches et humides où disposer les végétaux en début de décomposition, pour y attirer les limaces.
En parlant de pluie, les arrosages de fin de journée constituent aussi une magnifique occasion de voir sortir nos limaces... Et c'est là que l'utilisation des Ollas (dont j'ai déjà parlé sur ce blog) me semble une idée utile dans un potager de taille raisonnable : l'arrosage étant souterrain, les limaces ne sont pas plus attirées.
Un soucis tout de même : si les limaces ont une fonction digestive, cela signifie qu'elles seront très attirées par les tentatives d'agradation du sol : le paillage du sol par des végétaux fraichement coupés (feuilles, tonte de pelouse, etc...) est donc réputé attirer les limaces, ce qui n'est pas forcément l'objectif recherché... surtout si les plants sont encore jeunes (et donc attractifs !). Pour cette raison, j'avoue que j'hésite encore à pailler mon sol avec autre chose que de la paille de Chanvre tant que mon sol ne sera pas assez riche en champignons... ce qui ne participe pas assez à ajouter de l'azote dans le sol. Il faudra donc probablement plusieurs années pour que le sol d'un potager récent devienne assez mature pour que la décomposition végétale se fasse majoritairement sans limaces.
De même, l'utilisation de purins (ortie, consoudre,...) sur le feuillage de végétaux sains peut induire les limaces en erreur et les amener à attaquer les plantes.
On peut ici voir ces dames à l'oeuvre dans la nuit, et deux retardataires (ou morfales) sur les restes au petit matin : efficaces !
Je vais donc observer ce qu'il advient de ma population de limaces, et si elles fréquentent plus ou moins le potager. Je vais aussi regarder si elles me fabriquent du LimaCompost (alternative valable au Lombri-Compost ?) ou pas :)
Voir aussi :